maandag 15 januari 2018

Les préoccupations des élites globalisées

Davos; waar Gates en Zuckerberg hun wereldbeeld promoten:


Davos J-7 : ce que la liste de lecture des participants au forum nous apprend de la vision du monde et des préoccupations des élites globalisées

Ed Catmul, Steven Pinker, Siddharta Mukherjee... Les livres recommandés par les Bill Gates ou encore Mark Zuckerberg montrent aussi leur vision du monde.

A vos livres !

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Davos J-7 : ce que la liste de lecture des participants au forum nous apprend de la vision du monde et des préoccupations des élites globalisées

Ed Catmul "Creativity, Inc, Steven Pinker "la part d'ange en nous", Siddharta Mukherjee "The Gene, an intimate history", Liu Cixin "the three body problem", l'ordre du monde de Henry Kissinger etc...sont les livres dont Bill Gates et Mark Zuckerberg recommandent la lecture à l'occasion du Forum de Davos. Que nous révèle cette liste sur façon dont les élites comprennent le monde ?

Il faut tout d’abord souligner, positivement, que deux des grands entrepreneurs de la révolution numérique sont des lecteurs passionnés. On sait aussi que Bill Gates ou Steve Jobs ont limité pour leurs enfants l’usage des smartphones et des tablettes. Les entrepreneurs de la Silicon Valley recherchent souvent des écoles sans technologie pour leurs enfants. Cela devrait donner à réfléchir. Je serais pour ma part intéressé de savoir si Gates et Zuckerberg lisent sur une tablette ou des livres papier.  
Ensuite, la liste qui nous est présentée par Gates et Zuckerberg témoigne d’un intérêt pour les grandes questions de l’époque: l’organisation du monde, la génétique, des tentatives d’histoire universelle, l’histoire des techniques etc....Je suis au contraire frappé par la diversité des intérêts et la curiosité d’esprit que révèlent ces listes. 
Ce que nous apprenons en l’occurrence, c’est que ces individus essaient de mieux comprendre, pour le transformer, le monde qui les entoure.
Il y a peu voire pas de fiction. Le plus inattendu est peut-être l’absence de science-fiction; mais ils fabriquent le monde de demain, ils n’ont pas besoin de l’imaginer abstraitement. On trouve essentiellement des ouvrages de science  ou de sciences sociales. Le grand entrepreneur est un homme complet, pas seulement un financier ou un spécialiste de technologie. 
Enfin, le dernier point à souligner est la capacité des éditeurs anglophones à publier des bestsellers de très bon niveau. Les livres de Yuval Harari (Sapiens) ou Steven Pinker (Our Better Angels) en sont d’excellents exemples. 

Quel décalage peut-on percevoir entre cette vision et celle qui peut représenter celle des "oubliés" des démocraties occidentales ? Quels sont les biais pouvant apparaître ici ? 

Le principal problème que nous avons, c’est qu’il n’ y a pas grand monde qui soit capable de parler des « oubliés » des démocraties occidentales ou de la mondialisation. Evidemment, on aimerait lire aujourd’hui un grand livre sur la société russe; on aimerait des points de vue à la fois critiques et empathiques sur la Chine. Pour ma part, je suis convaincu que l’Afrique du Sud est aujourd’hui une société très fragile, au bord d’une explosion de violence et je remarque que la plupart des intellectuels regardent ailleurs. Le gros problème auquel nous sommes confrontés, c’est l’absence d’un discours critique qui ne soit pas imprégné de marxisme recyclé. Alors on ne peut, de ce point de vue que se réjouir que les grands entrepreneurs américains du secteur numérique aiznt une vision optimiste et conquérante du monde et cherchent des livres qui répondent à leur curiosité. Evidemment, nous sommes confrontés à du monolinguisme. Nous ne parlons que d’ouvrages en langue anglaise. Cependant on hésite à penser que ce soit uniquement le résultat de l’étroitesse de vues de l’édition de langue anglaise. Y a-t-il tant que cela, en Europe par exemple, qui attiegne la qualité des ouvrages ont il est question ici? Quand on prend un peu de recul par rapport à la production intellectuelle française, on est frappé par le côté défensif, craintif (version Finkielkraut) ou bien superficiel (version Onfray) par rapport à l’évolution du monde. 

Quelles sont les thématiques qui mériteraient d'être traitées plus avant pour parfaire cette vision du monde ?    

On aimerait que, dans cette liste, l’un des deux entrepreneurs ait glissé un grand ouvrage classique: littérature, philosophie ou histoire. Il est à noter, aussi, qu’il n’y a pas de grand ouvrage religieux ou théologique. L’ère de « l’éthique du capitalisme » est passée. Pourtqnt, vu le défi du transhumanisme, auquel participent certain des entrepreneurs dont nous parlons, il est évident que nous devrons collectivement, revenir aux grandes questions de la théologie et de la métaphysique. Gates, Zuckerberg, Thiele sont des individus qui s’intéressent au facteur humain.  Mais ils sont en partie fascinés par le transhumanisme. Certains Européens pensent qu’il est de la vocation du continent de produire, face au transhumanisme, un nouvel humanisme. Je suis pour ma part sceptique: la philosophie européenne ne possède pas actuellement les instruments d’analyse ni le ressort éthqiue. Regardez un Sloterdijk: quand bien même on le prendrait un peu au sérieux philosophiquement, il est complètement fasciné par le transhumanisme.  Et puis l’Europe occidentale se coupe de plus en plus de son poumon oriental, centre- et est-européen. Comment voulez-vous combattre les grandes tentations totalitaires de demain si vous vous coupez de la Russie en plein renouveau chrétien orthodoxe? Je crois plutôt que c’est aux Etats-Unis qu’aura lieu un grand débat sur ce qu’est l’homme et son avenir. Il y a par exemple aux USA un renouveau catholique, intellectuellement et non seulement pastoral, et on peut imaginer que c’est de lui que partira la critique la plus efficace du transhumanisme. Les Etats-Unis sont déjà profondément divisés - entre les libéraux et les conservateurs, populistes ou chrétiens; mais le débat va encore s’amplifier. Une fois que le débat sera lancé aux Etats-Unis - c’est une question de cinq à dix ans - il mettra encore une bonne dizaine d’années à atteindre l’Europe. 



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