vrijdag 3 november 2017

La déclaration Balfour

1917-2017 : La déclaration Balfour qui a changé la face du Moyen-Orient

Tanguy Barbancey
Jeudi, 2 Novembre, 2017
En 1922 , la Palestine passe officiellement sous mandat de la Grande-Bretagne, qui se heurte alors à une grande révolte arabe de 1936 à 1939. Ici, des Palestiniens manifestent contre l'augmentation de l'immigration des Juifs européens à Jérusalem. Photo : AFP
En 1922 , la Palestine passe officiellement sous mandat de la Grande-Bretagne, qui se heurte alors à une grande révolte arabe de 1936 à 1939. Ici, des Palestiniens manifestent contre l'augmentation de l'immigration des Juifs européens à Jérusalem. Photo : AFP
Il y a 100 ans, jour pour jour, le 2 novembre 1917, en pleine guerre mondiale, les Britanniques optent définitivement pour l’instauration d’un « Foyer national juif en Palestine ». Plus qu’un soutien au sionisme, il s’agit alors pour Londres d’asseoir son emprise sur une zone également convoitée par Paris et Berlin.
Le 2 novembre 1917, Lord Arthur Balfour, Ministre des Affaires étrangères et chef du parti conservateur britannique, publie une lettre ouverte à l’attention de Lord Walter Rothschild, représentant notable de la communauté juive de Grande Bretagne, banquier et vice-président du Board of Jewish Deputies. Dans cette déclaration, le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » en Palestine. Ce texte est reconnu comme l’un des actes fondateurs de l’État d’Israël, cinquante ans avant sa création. Un siècle après, la Déclaration Balfour, divise toujours autant, et pèse sur la stabilité au Proche-Orient, les Palestiniens s’estimant spolié et réduit à « l’état d’Apartheid ». Aujourd’hui, la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem et en Cisjordanie amoindrit encore un peu plus les espoirs d'une solution à deux Etats. Pourquoi une telle volonté de la part du Gouvernement britannique ? Quelles-en sont conséquences ? Retour sur cet acte historique, qui bouleversera le Moyen-Orient et plus largement, le monde.

Le contexte international

Le 29 aout 1897 a lieu le premier congrès sioniste mondial à Bâle, en Suisse. Présidé par Théodore Herzl, fondateur du sionisme moderne, les participants se fixent plusieurs objectifs. L’établissement d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine; la constitution d'une banque du peuple, la fondation de l'Organisation sioniste mondiale, mais aussi l'adoption d’un hymne national.
Le 1er septembre 1897, dans son journal, Herzl note: « Si je veux résumer en quelques mots ce congrès de Bâle – je me garderai bien de le faire publiquement – c'est ceci: J’ai fondé, à Bâle, l'Etat juif. Une telle parole dite aujourd'hui à haute voix provoquerait certainement un rire universel. Peut-être dans 5 ans, mais sûrement dans 50 ans, chacun comprendra ».
Dans son premier ouvrage intitulé, L’État des Juifs, publié en 1896, fortement influencé par l’Affaire Dreyfus en France, il écrit: « Les peuples du monde ne pourront supporter, à longue échéance, ni le Peuple d'Israël en leur sein, ni son particularisme religieux, ni ses leaders, ni sa mentalité ». Il en est convaincu, « l’antisémitisme grandissant, à la base du réveil national du Peuple d'Israël, obligera, tôt ou tard, les peuples du monde à trouver une solution adéquate à ce problème ». Ce livre préfigure les idées du sionisme, l’objectif étant d’obtenir, comme le souligne Herzl dans son ouvrage fondateur, « que les puissances se montrent disposées à accorder au peuple juif la souveraineté d’un territoire neutre ». Il évoque, sans trancher, l’Argentine et la Palestine.
C’est donc après le Congrès de Bâle, que les leaders du mouvement, essaient d’obtenir un soutien international à ce projet. Ils rencontrent les plus grands dignitaires du monde, mais le souhait de Théodore Herzl, est de voir la Grande Bretagne se rallier à la cause, notamment en raison de son poids sur la scène internationale. Il meurt en 1904 sans l’avoir obtenu. C’est son successeur, Chaim Weizmann, qui va réussir, le 2 novembre 1917, avec la déclaration Balfour.

Pourquoi un tel soutien britannique ?

En pleine dislocation, l’Empire Ottoman (1908-1923) - qui compte près de 35 millions d’habitants et qui s’étend sur plus de 5 millions de km2 - fait l’objet d’aptes tractations entre la France et la Grande Bretagne. La Société des Nations, ancêtre de l’ONU, met en vigueur le principe de Mandat, selon lequel « les peuples qui ne sont pas encore capables de se gouverner devront être administrés par les nations avancées ». La Palestine, ancienne entité de l’Empire Ottoman, représente pour les britanniques une position stratégique hors du commun et une ligne vitale pour son Empire, puisqu’elle sauvegarde à la fois le Canal de Suez, véritable point de passage, mais aussi les grandes zones pétrolifères souterraines, dont on commence à en découvrir les « vertus ». Soutenir les ambitions sionistes, c’est, dans l’esprit des dirigeants britanniques, empêcher d’autres puissances de contrôler la zone. Chaim Weizmann, premier président de l’État d’Israël, déclarera plus tard : « Depuis longtemps nous avions fait remarquer aux Anglais - et je le répétai lors de mon entrevue avec Lord Robert Cecil - qu'une Palestine juive serait une sauvegarde pour l'Angleterre, particulièrement en ce qui concerne le canal de Suez… ». Mais la déclaration Balfour, bafoue deux promesses émises précédemment par les Britanniques. Celle, faite à Hussein, Chérif de la Mecque, et Ibn Saoud, fondateur du futur État saoudien, de soutenir l’indépendance des arabes dans la région. Et celle aux Français, à travers les accords Sykes-Picot (1916), de partager le Proche Orient, en envisageant des « Etats indépendants sous mandat » (sic). Paris mettra d’ailleurs du temps à réaliser que sa vision de la Grande Syrie, dans laquelle elle englobe la Palestine, au sud, n’est pas celle de Londres. 
Mais la dislocation de l’Empire Ottoman n’explique pas à elle seule le soutien britannique. En octobre 1917, le gouvernement de sa Majesté reçoit un rapport des services secrets évoquant l’influence grandissante des juifs à la direction du parti Bolchévique: le nouveau mouvement révolutionnaire, devenant la force dominante en Russie. Lloyd Georges, alors Premier-ministre britannique (1915-1916) craint que les communistes ne se désengagent de la « Grande Guerre ». Les américains refusant toujours d’envoyer des troupes suffisantes. Il enjoint alors au Ministre des Affaires Étrangères, de faire une promesse de nature à séduire les Juifs, afin de garantir un soutien des citoyens juifs d’Amérique du Nord et de Grande-Bretagne, mais aussi de dirigeants comme Trotsky, Zinoviev, ou une dizaine d’autres, alors très influents en Russie.
Rien ne se passe comme prévu. Le 7 novembre 1917, les bolchéviques prennent le pouvoir. Ils publient dans la foulée, une déclaration se voulant anti-sioniste, précisant que le sionisme était un complot capitaliste. En quelques semaines, les dirigeants du parti font le contraire de ce que Lloyd George attendait. Il se désengagent de la guerre, ouvrent les archives du Ministère des Affaires Étrangères tsariste, et rendent public les traités secrets que les britanniques ont scellé, avec leurs alliés, pour dépecer l’Empire Ottoman.
Dès lors, tout devient très gênant pour les Occidentaux, qui s’étaient redistribués de grandes parties du monde, en prétextant faire la guerre pour défendre la démocratie, et en affirmant aux arabes qu’ils soutenaient le droit à l’auto détermination pour les peuples de l’Empire Ottoman. Cette publication d’accords secrets crée une énorme suspicion dans le monde arabe, préfigurant les grandes révoltes qui auront lieu par la suite. Le Chérif Hussein et les siens comprennent alors que les Anglais ont combattu pour leurs propres intérêts - c’est à dire une main mise sur la zone - mais qu’ils avaient également promis bien des choses aux Français …

Les conséquences

Cinq ans après la déclaration Balfour, la Société des Nations, attribue le mandat britannique sur la Palestine, avec des engagements bien précis: « Il faut placer le pays dans des conditions politiques, administratives, et économiques qui permettront l’établissement d’un foyer national juif et le développement d’institutions d’auto gouvernement, déclare-t-elle. Il doit également faciliter l’immigration juive et encourager l’installation compact des juifs sur le territoire » à l’exception de la partie Est du Jourdain, où les Britanniques créaient la Jordanie.
« La proportion de juifs dans la population en Palestine passe alors de 10 à 30%. La superficie agricole est multipliée par trois, et l’indice de développement industriel, par 50. Un État se forme, avec une langue, des services publiques, des institutions représentatives, et un embryon d’armée: Tsa Hagana, dont le rôle sera extrêmement important au cour de la répression des grandes révoltes arabes (1936-1939) » souligne Dominique Vidal, journaliste et spécialiste du Proche Orient. Trente ans avant la proclamation de l’État d’Israël, la déclaration Balfour à mis sur pied le futur état hébreu, et spolié la population Palestinienne qui, a aucun moment, n’a été consulté dans ce processus. Ils ne pourront empêcher le partage de la Palestine en 1947 et la création de l'État d'Israël le 14 mai 1948. Soixante dix ans après, le conflit israélo-palestinien n’a toujours pas cessé, l’occupation et la colonisation se poursuivent et l’Etat palestinien, malgré les promesses et les accords, n’a toujours pas vu le jour. Pour des générations de Palestiniens, la paix reste un mirage.

VERBATIM : LE TEXTE DE LA DÉCLARATION BALFOUR

« Cher Lord Rothschild, j'ai le grand plaisir de vous adresser, de la part du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante, en sympathie avec les aspirations juives sionistes; cette déclaration a été soumise au Cabinet et approuvée par lui. Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif, et il emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu'aux droits et aux statuts politiques dont les Juifs jouissent dans les autres pays. »

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